Page:Tharaud - Dingley.djvu/72

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

sentît peser une menace sur sa tête. Mais tout ce monde gardait un air tranquille et détaché, comme si la guerre n’intéressait le cœur, ni la bourse de personne.

Dans cette volonté de ne rien laisser paraître de ses sentiments intimes, Dingley se plaisait à reconnaître la force d’âme de sa race, et combien la haute société anglaise, par sa maîtrise de soi, est une aristocratie véritable et digne de commander. Pourtant il n’avait pas l’intention de laisser sa femme et son fils dans cette atmosphère d’orage. Mais il n’était pas facile de trouver une habitation dans les environs de Capetown, quand depuis bientôt dix mois tant d’étrangers, accourus de toutes parts, s’abattaient sur ce point du monde. Aussi reçut-il avec plaisir une lettre de Lucas du Toit — le jeune fellow d’Oxford rencontré sur le bateau — l’informant qu’à Dossieclipp, tout près de la ferme de Rosendaal où habitaient ses parents, un de leurs voisins qui se rendait pour quelques mois en Europe, offrait de lui louer sa maison, ses chevaux, ses