assez vif : l’ennemi ayant tourné la colonne, on s’était tiré d’affaire non sans peine. Il a raconté, plus tard, dans un récit assez plaisant par la sincérité et la vie, les impressions qu’il ressentit ce jour-là : « On ne peut s’imaginer, dit-il, si on ne l’a soi-même éprouvé, l’état d’esprit du soldat qui s’avance sous le feu d’un ennemi invisible. Il a l’air de courir à l’assaut : la vérité c’est qu’il fuit. On pense : le danger est partout. Nulle raison d’échapper ici plutôt que là. Alors on va, on va, poussé par le sentiment que l’unique moyen de se délivrer de l’épouvante c’est de culbuter l’adversaire. Ce jour-là, j’étais fourbu, et pourtant nous n’étions pas restés plus de deux heures à cheval. Quant à nos hommes, les uns après les autres, sitôt que le danger fut passé, tous ils s’écartèrent pour satisfaire un besoin pressant. Et j’ai vérifié sur le vif l’exactitude d’un mot fameux de je ne sais quel officier de l’Empereur Napoléon : On ne saurait s’imaginer combien, dans ce siècle de batailles, il y avait de héros qui faisaient dans leurs chausses…)
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