Page:Tharaud - Dingley.djvu/85

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pour le fugitif. Elle a passé son enfance et sa jeunesse dans ces énormes chariots, traînés par vingt paires de bœufs, dont vous nous parliez une fois, et que nos colons refoulaient à travers les solitudes de l’Orange et du Vaal. Elle a bercé son petit-fils au récit de sa jeunesse errante. Elle savait qu’il allait partir et ne l’a point retenu. Sa sérénité m’épouvante. « Dieu est juste, m’a-t-elle dit, et Lucas ne peut mourir ! »

« Je suis trop près de ce drame pour le juger froidement, et je ne puis que compatir à la peine de nos malheureux voisins. Les pauvres gens s’ingénient à me faire oublier la solitude. Le petit David est pour Archie un délicieux compagnon dont vous aimeriez l’air hirsute et l’indépendance sauvage. Tous deux se sont d’abord regardés avec une méfiance comique, mais ils se sont vite entendus pour taper sur les Cafres, et, dans le sentiment de leur supériorité sur ces pauvres négrillons, ils sont devenus bons camarades.

« Où vous trouvera cette lettre ? Vous la lirez avec joie et vous l’oublierez tout aussitôt.