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vx NOTICE SUR LA HE Plante aient excité Pintérét des savants et des gens phoros, des comparaisons, des proverbt s propres de lettres, à la fois comme tableau d’l1ist0ire et au génie dela langue, aux mœurs des Romains, romme monument de l'a1·t dramatique. « Pour et des cztlembours même, telles sont les rares ·· bien connaître un peuple, il faut; lui demander qualités de ce travail. C`est l`oeuvre d’un savant « compte de ses mœurs non moins que de ses ac- éclairé par le gout., d’un écrivain plein de ressour- « tions, fréquenter son théâtre aussi bien que son ces et de talent. « sénat, étudier ses poètes comiques autant que Après ces éloges, qui ne sont que le témoi- · « ses histpriens,» dit M. V. Leclerc dans un pro- gnage du public lettre et lejuste tribut d’une re- fond et spirituel article sur les comédies de Plaute. connaissance personnelle , une nouvelle traduction Cette pensée est aussi ingénieuse que vraie. Oui, semblera une témérité: mais dans une étude aussi les orateurs, les poëtes lyriques ou épiques, les his- vaste que celle du théâtre de Plante , nous avons torix-ns ne nous représentent les Romains qu`en cru qu’il était possible, non de faire mieux , mais héros, dans une pose académique; c’est en négligé, de faire quelquefois autrement. Nous nous sommes c'csten déshabillé que I’::uteur comique, que Plante, surtout attaché à rendre facile à tous la lecture de nous montre les maîtres du monde : il nous les ces comédies; nous avons essayé de reproduire par fait connaître tout entiers. un style vit`, naturel, le dialogue et le mouvement Madannc Dztcier Il donné, la première, une rer- de la scène. Nous avons ioulu que la conversation sion, souvent estimnble, de quelques comédies des Romains eûtletourfacilc, Pabandon, la liberté de Plante : son érudition a jeté d’utiles lumières dela nôtre; que, sauf les mœurs et les idées, le sur le texte encore nouveau; mais sa traduction lecteur se crût à une comédie du théâtre i'rnncais. manque trop souvent d`é|éganoe et même d’exac- Cette condition nous semble la première dans la titude. Sur ce dernier point elle est souvent exeu- traduction des ouvrages dramatiques. L’exaetitu<le sable, et plusieurs de ses contre-sens tout honneur minutieuse, la reproduction fidèle mais laborieuse à sa vertu: il y a dans Plauteplus d’un versqu’iifaut de la couleur locale, des métaphores, des images la louer de n’avoir pas com pris. Lînfutignble abbé étrangères jusque dans les moindres détails, sont de Marolles, le bênédictin Gueudeville , P. Coste, un mérite qu’on n’0btienl; qu’nux dépens du naturel l’av0cat Limiers, sontloin d`n~oir égalématlmne Da- et du mouvement de la scène, quil fout avant tout cier. Ils ont su rendre Plante ennuyeux et lourd, conserver. Les savants vous tiennent compte de ces en prose comme en vers. Dans le dernier siècle, efforts; maislelecteur, qui ne daigne pas comparer un autre avocat, l\l. Girauld , a donné une traduc- le texte, confond dans un blâme léger, injuste, mais tion libre d’Ampltilry02t et de l’.»lululair·e ou l’A- décisif, le traducteur et Voriginal. verre; le P. Dottevillen traduit le Mostellaire ou le M. Naudet a supprimé ces divisions par actes Revenant. Enfin l’abbé Lvmonnier, qui avait plate- el: par scènes,inc0nnues à Fantiquite, et; que les édi- ment traduit Térence, s’est cru des droits sur Plan- teurs modernes ont établies. Nous les avons con- te, qu’il a traité de même. Dans ces derniers temps, servées. Ces divisions, bien quïarbitraires, ne nous un laborieux professeur, Al. Levée, a publié une ont pas paru altérer les ouvrages du poete. Cet traduction complète des comédies de Plante. Ce tra- ordre, conforme ài la plupart des textes, est agreable vail , que les deux frères Amaury et Alexandre à l’esprit, repose l’atte11tion, et indique assez bien Duval ont seconde de leur savoir et de leur expé- la marche et les progrès de la pièce. rience de la scène, n’est pas dépourvu de mérite. Nous n'avons pas non plus suivi l'exemple dc Toutefois le style manque de vivacité, d’z1buudon, M. Nuudet, qui tutoie tous les personnages à la de nnture] , qualité si nécessaire dans la co- manière latine. ll uousapnru contraire uu costume, médie. M. Naudet est enfin venu pour la gloire de à la vérité, de faire tntoyer le père par le fils, le Plante. Cc nouvel interprète a effacé tous leS tra- maître par l’esclave. La raison que M. Nnudet vaux de ses devanciers par une exactitude été- donne de ce procédé ne nous a pas semblé décisive. goutte et facile, par uneintelligence supérieure des Il prétend que la rudesse du langage doit être mœurs et de la scène antiques; sa traduction est conservée, pour faire mieux comprendrelcsinjures un monument d’erudition, d‘esprit et de goût. Il que se disent dans plusieurs scènes des personnes Il d'abord revit, restauré le texte avec un soin et de condition ou d’âge différents. N’est·ee pas ache- une habileté parfaite. Il a rempli les lacunes, les ter trop cher cet avantage accidentel , que de l’a- vers tronqués, par les suppléments que les nou- cheter au prix des convenances, des relations so- veanx manuscrits de lll. Angelo Moi lui ont four- ciales qui se trouvent perpétuellement confon- nis, ou par les plus heureuses suppositions. Il ai dues et mises en oubli? D’ailleu1·s le mouvement recueilli toutes les lumières que les auteurs un- de la scene, la situation indiquent les exceptions ciens peuvent donner sur les comédies de Plante. nécessaires : mais le tutoiement continuel, systé- Ces corrections sont d'autant plus dtfticiles que le matique, nous semble ôter très-souvent au dialogue, rbytlime ales vers de Plaute n`est pas encore bien aux personnages, leur vérité, leur caractère, et connu. tnttlgré tous les efforts des savants. La confondre faussement les distinctions sociales éta- traduction est digne de cet excellent texte. La blies dans Pantiquité. fidélité dans les passages les plus rlifûciles, la pré- Nous avons adonci les images trop libres : des cision dans le dialogue, Yobservmion des méta- indccences grossières n`0nt rien de regrettable.