Page:Theodore Pavie - Histoire des trois royaumes vol 2, Duprat, 1851.djvu/128

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

« Et à quel propos Sa Majesté vous a-t-elle donné ces beaux vêtements ? — En souvenir des services que je lui ai rendus jadis en la délivrant des rebelles qui la poursuivaient dans les provinces occidentales »

« Allons, reprit Tsao, défaites un peu cette ceinture, que je la voie ! » Le fidèle mandarin, se rappelant avec quel air mystérieux le jeune prince lui avait parlé à l’oreille, soupçonnait ce que contenait cette ceinture ; dans la crainte que Tsao ne vint à découvrir le secret, il hésitait visiblement à lui obéir. Déjà Tsao avait dit à ses gens de la dénouer ; il la prit dans ses mains, l’examina et ajouta avec un grand éclat de rire : « En vérité, voilà une fort belle ceinture de jade ! Et cette tunique, voyons-la !... »

Malgré ses répugnances, Tong-Tching n’osait repousser cette demande ; il se dépouilla de la tunique et la remit à Tsao. Celui-ci, après l’avoir examinée à la clarté du soleil (de manière à voir au travers), s’en revêtit lui-même, puis s’attachant la ceinture de jade, et se retournant vers les gens de sa suite : « Eh bien, leur dit-il, comment me va ce costume ? — A merveille ! » répondirent ses serviteurs.

« Maintenant que j’ai endossé ces vêtements, ajouta-t-il en s’adressant à Tong-Tching, il me reste à vous offrir quelque cadeau en retour. — Je les tiens de la munificence de l’Empereur, reprit le mandarin, et je ne puis les abandonner si légèrement. »

« S’il vous les a donnés, c’est qu’il y a quelque part dans la doublure certain écrit... — Un personnage inutile comme moi oserait-il recevoir de Sa Majesté une mission importante, répliqua Tong-Tching avec empressement ; votre excellence s’est adjugé ce vêtement, qu’elle le garde !.... »

« Non, dit Tsao, vous le tenez de l’Empereur et je m’en emparerais !.... Je voulais plaisanter, voilà tout ! » Et là-dessus il remit la tunique et la ceinture à Tong-Tching, qui prit congé de lui et revint à son hôtel.

Il se mit à examiner la tunique avec attention ; il la tourna et la retourna sans rien y découvrir. « Cependant, pensait-il, l’Empereur m’a fait signe des yeux quand je me retirais, il m’a fait signe de la main, et ces gestes-là signifiaient quelque chose ! J’ai