Page:Theodore Pavie - Histoire des trois royaumes vol 2, Duprat, 1851.djvu/129

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beau regarder cette tunique dans tous les sens, je n’y vois rien, rien du tout..... C’est extraordinaire ! »

De toute la nuit, il ne put fermer l’œil ; et comme il réfléchissait toujours aux paroles de l’Empereur, l’idée lui vint d’examiner aussi la ceinture. Elle était en dehors, ornée de figures de dragon gravées sur le jade ; en dedans, une étoffe brochée d’or sur fond violet lui servait de doublure. En vain il l’étudié des yeux avec la plus scrupuleuse attention, en dessus, en dessous ; une fatigue subite s’empare de lui, il s’accoude sur la table et s’assoupit. Tout à coup un moucheron de la lampe venant à tomber sur la doublure de cette ceinture, en consume un petit morceau. Tong-Tching, éveillé en sursaut, voit paraître sous l’étoffe qui brûlait un morceau de gaze blanche ; avec un couteau, il le décoût, l’ouvre...... C’était un édit secret de l’Empereur, ainsi conçu :

« Moi, l’Empereur, j’ai entendu dire que le premier des cinq devoirs établis entre les hommes, est celui qui regarde les pères et les enfants ; le plus important est celui qui concerne, aux deux extrémités de la société, l’Empereur et le sujet. Naguères le brigand Tsao-Tsao, s élevant lui-même du milieu des officiers de la cour, a effrontément usurpé le rang de ministre ; il est donc coupable d’intrigues et de tyrannie. Entouré de ses partisans, il annule l’autorité du trône ; il distribue les récompenses et les châtiments, les grades et les titres, sans faire aucune attention à mes propres volontés. Nuit et jour, je me consume dans de douloureuses pensées, en songeant que l’état penche vers sa ruine ! Vous êtes l’un des grands de l’Empire, vous êtes uni à ma personne par les liens du sang. Rappelez-vous que si Han-Kao-Tsou[1], au milieu de bien des difficultés et des périls, a pu fonder la dynastie, c’est qu’il a rassemblé des serviteurs fidèles et loyaux ; (faites de même) triomphez en écrasant les rebelles et les ambitieux avec leurs

  1. L’écrivain chinois oublie, en mettant cette citation dans le décret, que le jeune Empereur, ignorant les actions de ses aïeux, ne les a apprises que quelques minutes après avoir écrit ces lignes, de la bouche même de Tong-Tching.