Page:Theodore Pavie - Histoire des trois royaumes vol 2, Duprat, 1851.djvu/177

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vos ennemis. Mais si c’est une chose impossible, choisissez auquel des deux il peut être préférable de vous soumettre. Aujourd’hui, voyez comme Tsao s’entend à conduire une armée, combien d’hommes éminents par leurs vertus et leurs qualités se rallient à son parti ! Certes, il y a toute apparence qu’il triomphera d’abord de Youen-Chao. Ensuite, il se tournera vers la rive orientale du Kiang, et je doute que vous puissiez l’en empêcher. Donc, le mieux serait de lui faire hommage de cette province de King-Tchéou, pour arrêter ses projets ambitieux ; il ne manquera pas de vous traiter avec de grands égards, et le succès de vos desseins ultérieurs est infaillible ! »

Liéou-Piao hésitant encore à faire ce sacrifice, voulut envoyer Han-Song à la capitale pour y prendre connaissance des événements ; à son retour, ils se concerteraient ensemble ; le conseiller répondit : « L’homme vertueux par excellence connaît à fond la justice ; l’homme de bien l’observe ; je suis l’exemple de ce dernier. L’empereur et le sujet ont charnu leur devoir ; quand il y a un ordre de Sa Majesté, dût-on se jeter dans les eaux, se précipiter dans les flammes et mourir, on ne doit pas reculer ! Seigneur, si vous voulez obéir au fils du ciel, soumettez-vous à Tsao-Tsao ; envoyez-moi vers lui… Vous êtes encore irrésolu ; si je vais dans la capitale (pour observer ce qui s’y passe), on m’y donnera un grade ; dès lors je ne puis plus revenir vers vous, et me voilà serviteur du souverain, sans cesser d’être le vôtre (mais à un degré plus éloigné). Le souverain doit être servi comme un souverain ; donc je devrai accomplir les ordres de l’empereur ! Au nom de la fidélité qui lui est due, je ne pourrai plus mettre ma vie à votre service. Réfléchissez bien à ceci, seigneur, je vous en prie ; et ne m’accusez point de me montrer ingrat [1]. »

« Allez d’abord dans la capitale, allez sonder le terrain, dit Liéou-Piao, j’ai un autre projet ! » Han-Song partit ; Tsao l’accueillit avec de grands égards, le nomma membre du conseil impérial, commandant de Ling-Ling et le pria de retourner vers

  1. Tout ce passage, emprunté aux auteurs anciens, est très difficile ; il abonde en ellipses que nous avons cherché à remplacer par des parenthèses.