Page:Theodore Pavie - Histoire des trois royaumes vol 2, Duprat, 1851.djvu/189

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Tsao répondit : « Ce que les circonstances me conseillent ; rassurer le peuple, tuer l’Empereur et choisir un homme doué de qualités, pour le mettre à sa place [1] ? »

« Seigneur, répliqua le conseiller, si votre autorité est reconnue dans tout l’Empire, si vous dictez des ordres à toute la terre, c’est au nom de la dynastie des Han. Pour châtier un coupable en le déclarant rebelle, il faut déterminer son crime ; dans la distribution des peines et des récompenses, il faut une mesure ; réfléchissez attentivement à ce que vous allez faire ! — Je veux, dit Tsao, donner un exemple aux masses, et effrayer les méchants par le supplice de Tong-Tching et de ses quatre complices… Mais puis-je détruire aussi leurs familles, sans les déclarer coupables de lèse-majesté ? — L’affaire est grave, dit Sun-Yo, il y aurait péril à ne pas pousser la vengeance jusqu’au bout ! »

Ces dernières paroles décidèrent Tsao-Tsao. Par ses ordres, sept cents personnes de tout âge et de tout sexe, alliées par le sang aux cinq conjurés [2], furent décapitées devant le seuil de leurs maisons. Le peuple et les mandarins étaient dans la désolation. Une propre fille de Tong-Tching, que l’Empereur avait épousée [3], se trouvait enceinte de cinq mois ; Tsao entra dans le palais le sabre en main pour l’égorger. Ce jour-là même, l’Empereur s’entretenait avec l’impératrice [4] de cette conspiration tramée avec son oncle, et dont il n’entendait plus parler. Tout à coup il voit paraître le ministre ; dans son effroi il est prêt à s’évanouir.

« Le brigand Tong est un conspirateur, dit Tsao, Votre Majesté le sait-elle, oui ou non ? »

  1. C’est-à-dire, comme le remarque l’édition in-18, faire ce qu’avait fait déjà Tong-Tcho.
  2. Il va sans dire que les conjurés eux-mêmes périrent les premiers. L’édition in-18 n’a pas manqué d’ajouter ce détail, comme aussi de mettre cinq au lieu de quatre, nombre fautif donné par le texte impérial, chinois et mandchou.
  3. Tong-Tching, que nous avons désigné par le titre d’oncle maternel de l'empereur, ne l’était que par adoption ; sa mère ayant été empoisonnée par une de ses rivales, une des épouses de son père, Tong-Héou, sœur de Tong-Tching, l’avait élevé et adopté. Voir vol. Ier, page 33.
  4. Voir plus haut, page 105.