Page:Theodore Pavie - Histoire des trois royaumes vol 2, Duprat, 1851.djvu/196

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pour la nuit. « Le ciel est pour nous, s’écria Tsao, il nous indique les précautions à prendre ! »

Aussitôt, partageant son armée en neuf divisions, il n’en laissa qu’une sur les lieux pour s’occuper tout d’abord de dresser les retranchements, et distribua les huit autres sur divers points où elles se tinrent cachées. Cette nuit-la, la lune répandait quelque clarté ; Hiuen-Té divisa aussi ses troupes en deux corps ; l’aile droite, il la met sous les ordres de Tchang-Fey, et prit lui-même le commandement de l’aile gauche ; quant à Sun-Kien, la garde de la ville de Siao-Pey lui resta confiée. Tout fier d’employer un stratagème qu’il croyait digne d’un génie surnaturel, Tchang-Fey, suivi de ses cavaliers, se jette tête baissée à travers les retranchements de Tsao. À peine y rencontra-t-il ça et la un cheval, un soldat ennemi… Puis tout à coup la flamme brille, de grands cris retentissent aux quatre coins de la plaine ; Tchang-Fey reconnaît qu’il a donné dans un piége, et s’élance hors du camp dans la direction de l’est ; l’une après l’autre et des huit points[1] de l’horizon se lèvent les divisions embusquées ; elles marchent en se rapprochant, en formant un cercle dans lequel Tchang-Fey est enveloppé. En vain fait-il les plus grands efforts pour se dégager ; ses soldats qui avaient à peu près tous servi sous Tsao, l’abandonnaient en grand nombre. Voyant que cette défection lui a enlevé plus de la moitié de son monde, il se précipite avec désespoir contre Su-Hwang, l’un des chefs ennemis, l’attaque dix fois, et malgré l’arrivée d’un autre général qui le menace par derrière, rompt ce cercle fatal. Il s’est ouvert une route sanglante et fuit, à peine accompagné de dix cavaliers, dans la direction de Siao-Pey ; mais le passage est intercepté par la principale division aux ordres de Tsao, qui, avec ses meilleures

  1. Ces divisions s’avancent du nord, du nord-est, du sud, du sud-est, etc. Les noms des généraux qui les commandent sont omis, et nous avons supprimé dans les combats les détails cent fois reproduits qui n’apprennent rien. L’ensemble de ces combats peut à la rigueur offrir quelque intérêt, mais c’est à condition qu’on en fera disparaître le plus de noms propres possible. — Il ne faut pas oublier que la plupart de ces faits en eux-mêmes sont historiques. (Voir Histoire générale de la Chine, tome IV, page 29, et suivantes).