Page:Theodore Pavie - Histoire des trois royaumes vol 2, Duprat, 1851.djvu/197

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

troupes, marchait vers les deux villes de Su-Tchéou et de Hia-Pey. Ne sachant où se réfugier, Tchang-Fey se jette dans les monts Mang-Teng.

Revenons à Hiuen-Té ; arrivé, lui aussi, près de ce camp qu’il croyait surprendre, il entend de grands cris ; une division ennemie se précipite sur ses derrières, lui enlève la moitié de son monde, et à peine a-t-il évité ce premier péril en se dégageant, qu’un nouveau corps d’armée se met à sa poursuite. Il se détourne… Trente cavaliers seulement l’accompagnent ; la ville de Siao-Pey, vers laquelle il se dirige, paraît livrée aux flammes ; changeant de route, il veut gagner Su-Tchéou. Le fleuve Ho l’arrête ; les troupes victorieuses couvrent les monts et les plaines. Dans sa perplexité, Hiuen-Té se rappelle les paroles de Youen-Chao ; se jeter dans les bras de cet allié, tel est le meilleur parti qui lui reste à prendre ; il s’y arrête donc. Le voila qui suit la route de Tsing-Tchéou (capitale de Youen-Chao).

Après une marche forcée, Hiuen-Té, fuyant toujours, arriva seul sous les murs de Tsing-Tchéou, et demanda qu’on lui ouvrît les portes. Les gardes lui demandèrent son nom ; le gouverneur fut averti : c’était Youen-Tan (le fils aîné de Youen-Chao). Le jeune chef, habitué à respecter le héros, apprenant qu’il venait seul, ouvrit les portes et courut le recevoir. Il emmena Hiuen-T’é dans son palais pour écouter le récit des désastreux événements qui l’avaient forcé à chercher un refuge hors de ses états perdus, et lui donna un logement a l’hôtel des Postes[1]. Bientôt Youen-Chao, qui avait appris par une lettre de son fils les résultats de cette guerre, envoya cinquante mille hommes au-devant de Hiuen-Té ; d’autre part, Youen-Tan se porta avec ses propres troupes au lieu nommé Ping-Youen.

A trois milles de la ville (à Nié-Kiun), Youen-Chao rencontra Hiuen-Té, qui se jeta à genoux ; lui-même répondant à cette marque de déférence, il raconta à son allié comment la maladie

  1. Cette expression, si souvent répétée, veut dire : loger quelqu’un aux frais de l’état, le considérer par conséquent comme un mandarin de premier ordre, comme un envoyé de l’Empereur, etc.