Page:Theodore Pavie - Histoire des trois royaumes vol 2, Duprat, 1851.djvu/21

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(de subsides et de secours) dont vous sentirez le besoin, vous n’aurez qu’à ordonner ! »

Liu-Pou, ayant achevé de lire la lettre, se réjouit beaucoup de posséder ce qu’elle lui annonçait, et il traita l’envoyé Han-Yn avec de grands égards. Dès que celui-ci eut rendu compte de sa mission à son maître, Youen-Chu fit partir vers Siao-Pey son général en chef Ky-Ling, avec Louy-Pou et Tchin-Lan pour lieutenants. Averti par un courrier de l’approche de l’ennemi, Hiuen-Té rassembla son conseil. Tchang-Fey (son frère adoptif) voulait qu’on prît l’offensive. — « Dans cette petite place, objecta Sun-Kien, nous n’avons que peu de vivres et une garnison insuffisante ! Pouvons-nous songer à attaquer ? Il vaut mieux écrire à Liu-Pou, l’avertir du danger qui nous menace. »

« Est-ce que le brigand viendra nous secourir, s’écria Fey ? — Dans ce cas, reprit Sun-Kien, nous n’avons rien de mieux à faire qu’à quitter la ville, pour nous jeter dans les bras de Tsao-Tsao ! »

Fey ne pouvait se contenir ; mais Hiuen-Té, approuvant le conseil de Sun-Kien, écrivit à Liu-Pou la lettre suivante :

« Le général Liu-Pou, dans sa générosité, m’a permis de m’établir ici, à Siao-Pey ; je me prosterne avec reconnaissance devant ses vertus et ses talents, qui l’élèvent au-dessus des mortels. Aujourd’hui, Youen-Chu, entraîné par le désir de venger des inimitiés particulières, envoie menacer mon district par des troupes aux ordres de Ky-Ling ; ma perte est prochaine, et je n’ai d’espoir que dans le général Liu-Pou. Qu’il m’expédie donc bien vite une division qui puisse me porter secours, et m’arracher à cet imminent péril, me comblant ainsi d’un bonheur inexprimable ! »

« Me voilà sollicité en sens contraire par ces deux lettres, dit Liu-Pou, après avoir lu le message : l’une me demande du secours, l’autre m’exhorte à ne pas l’expédier ! — Pour l’instant, reprit le conseiller militaire Tchin-Kong, Hiuen-Té est aux abois ; mais un jour, soyez-en sûr, il étendra au loin sa puissance et vous causera de l’embarras, général ! Croyez-moi, ne le secourez pas ! — Bien, mais après s’être défait de Hiuen-Té,