Page:Theodore Pavie - Histoire des trois royaumes vol 2, Duprat, 1851.djvu/247

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de Tong-Ling, défendu par un officier dépendant de Tsao, du nom de Kong-Siéou, lequel se tenait sur le point le plus élevé du défilé, avec cinq cents hommes. Ce passage avait trois entrées ; Yun-Tchang s’aventura avec le char par les hauteurs qu’occupaient les soldats : Kong-Siéou, averti de son arrivée, parut en avant du sentier, armé de son cimeterre.

Sommé par lui de mettre pied à terre, Yun-Tchang obéit et vint le saluer. « Youen-Chao, dit l’officier quand il sut d’où il venait et quel était le but de son voyage, est en hostilité avec mon maître ; vous ne pouvez vous diriger de ce côté, sans avoir une permission écrite de Tsao-Tsao. — Dans mon empressement à partir, reprit le héros, je n’ai pas eu le temps de me munir d’un pareil ordre[1]. — En ce cas, descendez, cria l’officier ; restez au pied du passage jusqu’a ce que j’aie envoyé vers le premier ministre un exprès qui me rapporte ses instructions écrites ; alors je vous laisserai passer. » Yun-Tchang déclara que ces préliminaires retarderaient trop son voyage : « Cependant, répliqua l’officier, qu’il vous faille attendre un jour ou un an, vous attendrez ! — Pourquoi me traitez-vous avec si peu d’égards, répondit le héros en colère ? — La discipline le veut ainsi, dit Kong-Siéou, je ne puis faire autrement que de m’y conformer. L’Empire est déchiré par les dissentions ; le dragon et le tigre sont en guerre ; dans un pareil temps, je ne puis laisser passer sans ordre écrit, un héros qui n’a de recommandation que sa propre parole. » « Vous ne voulez pas me laisser passer, cria Yun-Tchang ? — Je ne m’y oppose pas, dit l’officier, pourvu que vous m’abandonniez comme otage votre famille (qui est la dans ce char[2]) ! »


II.[3].


Transporté de fureur, Yun-Tchang leva son cimeterre pour

  1. L’édition in-18 dit en note : Tsao à son départ lui avait bien offert de l’or et donné une riche tunique, mais il ne lui avait pas remis d’ordre écrit. Ainsi c’était le retenir, sans le retenir, le laisser partir, sans le laisser partir.
  2. « Réponse fort impolie, » dit en note le même texte.
  3. Vol. II, livre VI, chap. IV, page 41 du texte chinois.