peine aurez-vous paru qu'il voudra vous mettre à mort ; j'en suis sûr. Hiuen-Té et moi, nous avons résolu de chercher un moyen de vous arracher à ce péril. Déja, votre frère aîné est allé dans le Jou-Nan, se joindre aux deux chefs indépendants ; depuis trois jours il vous y attend ; et effrayé de ne point vous voir arriver, craignant que vous ne soyiez allé vous mettre dans la gueule du loup, il m'a envoyé à votre rencontre. Grâce au ciel, il m'a été donné de vous trouver ! Venez donc, venez dans le Jou-Nan, rejoindre votre frère ; que je vous conduise près de lui. »
Yun-Tchang présenta son ami aux deux dames qui lui demandèrent des nouvelles ; elles pleurèrent abondamment en apprenant que deux fois Youen-Chao avait menacé leur époux de la mort. Déterminé par ces raisons, Yun-Tchang, au lieu de continuer sa route au nord du fleuve, se dirigea vers le Jou-Nan. Mais derrière lui s'élevait un nuage de poussière ; un groupe de cavaliers s'acharnait à sa poursuite. C'étaient trois cents hommes, commandés par Hia-Héou-Tun qui criait a haute voix : « Arrête, fugitif, arrête ![1] »
- ↑ L'édition in-18 termine ce chapitre par les vers suivants :
« Il se démit de son grade et restitua les présents en s'éloignant du ministre des Han ;
» Il alla chercher son frère aîné à travers les plus lointains espaces,
» Monté sur son Lièvre-Rouge à la marche rapide,
» Armé du Dragon-Vert, il franchit cinq passages ;
» Plein de fidélité, loyal, d'une bravoure proverbiale par toute la terre,
» Héros sans égal, capable de faire trembler les fleuves et les montagnes,
» A lui seul il abattit tous les commandants qui voulurent lui résister avec arrogance.
» Depuis l'antiquité il a servi de texte à ceux qui se servent de l'encre et du pinceau. »