Aller au contenu

Page:Theodore Pavie - Histoire des trois royaumes vol 2, Duprat, 1851.djvu/265

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

« Guerrier, vous m’avez donc vu quelque part ? — Oui, répondit l’ancien brigand, quand je servais sous Tchang-Pao,(chef du troisième corps) des Bonnets-Jaunes, j’ai vu votre illustre visage. Enrôlé à la suite de ces bandits, je n’ai pu m’attacher à vous ; mais aujourd’hui que le ciel m’accorde le bonheur de me prosterner à vos pieds, je vous en prie, général, ne me repoussez pas !Je demande à être votre serviteur, à vous présenter le fouet et l’étrier soir et natin ; et dussé-je mourir à ce poste, ce sera avec joie ! »

« Bien, dit Yun-Tchang ; mais vos compagnons se soumettront-ils aussi ? — Je les laisse libres de se décider, répartit Tchéou-Tsang ; et s’adressant à ses soldats, il s’écria  : « Que ceux qui veulent se soumettre, me suivent ! » A cet appel, ils répondirent tous ; Yun-Tchang descendit de cheval pour rejoindre le char, annoncer aux deux dames ce qui venait de se passer et demander leur avis  : « Beau-frère, répondit Kan, l’une d’elles, vous êtes heureusement venu seul, depuis la capitale jusqu’ici, à travers beaucoup de périls, sans recruter ni soldats ni compagnons ; vous avez même, au début du voyage, renvoyé de bien loin Liéou-Hoa (qui s’offrait de vous suivre) ; et voila que vous accepteriez une escorte de bandits ? Que de mauvais discours ne ferait-on pas à cette occasion ? Telle est l’humble observation que vous adressent de pauvres femmes ; frère, réfléchissez !...

« Respectables sœurs, vos raisons sont excellentes, » reprit le héros, et s’adressant à Tchéou-Tsang, il lui dit : « Je suis très reconnaissant de votre bonne volonté, mais les deux dames n’acceptent pas vos offres. Ainsi, retournez dans les montagnes ; prenez patience ; quand j’aurai rejoint mon frère aîné, je ne manquerai pas de vous appeler sous nos drapeaux. »

L’ancien bandit s’inclina respectueusement  : « Je ne suis qu’un homme grossier, répliqua-t-il ; j’ai commis la faute de me faire brigand, et aujourd’hui, en rencontrant votre seigneurie, il me semblait que j’avais vu reparaître le soleil dans le ciel! Si un héros comme vous ne manque, se trouvera-t-il pour moi une nouvelle occasion de revenir au bien ? Général, que mes compa-