Page:Theodore Pavie - Histoire des trois royaumes vol 2, Duprat, 1851.djvu/276

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çons, s’écria Youen-Chao ; d’ailleurs, je connais le caractère de Kien-Yong ! » — Le conseiller se retira tout attristé.

Cependant, quand Hiuen-Té et Kien-Yong furent hors du territoire soumis à Youen-Chao, Sun-Kien vint a leur rencontre et les amena dans la ferme de Kouan-Tching. Yun-Tchang, se prosternant sur le seuil de la porte devant son frère aîné, prit sa main qu’il couvrit de larmes. Le fermier présenta ses deux fils à Hiuen-Té : comme celui-ci leur adressait les questions d’usage, Yun-Tchang dit : « Le maître de cette maison appartient à la même famille que moi[1] ; je désirerais beaucoup emmener le plus jeune de ses deux enfants. — Quel âge a-t-il, demanda Hiuen’é ? — Dix-huit ans, répondit le père. — Si vous y consentez, votre fils peut suivre mon frère ; celui-ci n’a pas d’enfant et je verrais avec plaisir qu’il adoptât ce jeune homme ; qu’en dites-vous ? — Les désirs de votre seigneurie, répliqua le vieillard, sont des ordres pour nous ! »

Hiuen-Té le remercia de ses bons sentiments ; le jeune Kouan-Ping, à partir de ce jour, salua Yun-Tchang du nom de père. Le vieux fermier reconduisit poliment ses hôtes, car Hiuen-Té, craignant d’être poursuivi par Youen-Chao, partit à l’instant sur les pas de Yun-Tchang qui le conduisit vers les monts Ngo-Niéou. Mais sur la route, ils virent venir à eux Tchéou-Tsang, blessé et accompagné d’une dizaine d’hommes.

« Que vous est-il arrivé ? » demanda Hiuen-Té à cet officier que Yun-Tchang lui présenta aussitôt ; et il reçut la réponse que voici  : « Comme j’arrivais dans la montagne, je trouvai mon

  1. Yun-Tchaug se nommait Kouan-Yu ; il était de la famille des Kouan, comme le maître de cette ferme, et par conséquent son parent. À propos de cet épisode, l’éditeur du texte in-18 qui suit le roman pas à pas et aime à noter les rapprochements, ajoute cette observation  : Yun-Tchang ne songeait qu’à retrouver son frère ainé, voilà que tout à coup il trouve un fils ! Hiuen-Té au même instant est rejoint par son jeune frère et reconnait un neveu ! Quelle admirable histoire, quelle étonnante situation !. Précédemment, Hiuen-Té, dans sa fuite, a rencontré un individu (voir plus haut, page 74), de la même famille que lui, qui a tué sa propre femme pour lui donner à manger ; Yun-Tchang, dans sa fuite, trouve un personnage du même nom que lui, qui lui cède son propre enfant.