Page:Theodore Pavie - Histoire des trois royaumes vol 2, Duprat, 1851.djvu/279

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des actions de grâce au ciel et à la terre, après quoi on célébra, dans un banquet, cette réunion heureuse d’amis et de frères restés fidèles à leur serment. Les troupes reçurent des récompenses ; ce fut une joie générale. Les mandarins civils et militaires, employés auparavant, s’étaient rassemblés autour de leur ancien maître, et quand Tsé-Long en eut complété le nombre, il ne manqua plus rien à la satisfaction sans bornes de Hiuen-Té. Cette fête de famille entre frères adoptifs dura plusieurs jours ; dans cette ville de Kou-Tching se trouvaient alors Hiuen-Té et ses deux inséparables compagnons (Yun-Tchang et Tchang-Fey), Tsé-Long, Sun-Kien, Kien-Yong, My-Tcho et My-Fang, et (les deux nouveaux partisans) Tchéou-Tsang et Kouan-Ping.

L’armée, infanterie et cavalerie, ne se montait pas à plus de cinquante hommes ; Hiuen-Té proposa donc de quitter cette ville et d’aller dans le Jou-Nan. Déjà des émissaires envoyés par les deux chefs qui occupaient ce pays (Liéou-Py et Kong-Tou), arrivaient pour inviter les généraux fugitifs à venir vers eux. Hiuen-Té répondit à leur invitation ; il se dirigea sur le Jou-Nan avec son noyau d’armée, recrutant des soldats, rassemblant des chevaux, grossissant son parti tout le long du chemin.

Cependant, voyant bien que Hiuen-Té ne reparaîtrait plus, Youen-Chao, furieux d’être trompé, voulait se jeter sur ses traces avec des troupes. « Seigneur, lui dit le conseiller KouoTou, Hiuen-Té n’est qu’un fantôme d’ennemi[1] ; l’adversaire redoutable et puissant, c’est Tsao ! Voila celui par lequel il faut commencer. Liéou-Piao, malgré sa bonne armée, malgré l’abondance de ses vivres, ne peut vous causer de sérieuses alarmes. A l’est du Kiang, il y a Sun-Tsé qui tient sous sa main le triple cours du grand fleuve et tout le pays avec ses six provinces ; il est assisté dans le conseil par Tchéou-Yu et Tchang-Tchao,

  1. Littéralement  : une maladie de peau, une maladie qui n’est qu’à la surface, et qui n’attaque pas le dedans du corps. Appliquée à un individu, cette expression veut dire  : Un homme qui cause de l’ennui, une démangeaison et non une crainte réelle.