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Page:Theodore Pavie - Histoire des trois royaumes vol 2, Duprat, 1851.djvu/304

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à abattre. Que vous reste-t-il donc à faire ? Une seule chose ; vous établir fortement à l’est du Kiang pour être prêt à profiter des circonstances. Si vous prenez ce parti, rien ne s’opposera à la réussite de vos projets. Dans le nord, vous le savez, les ennemis sont nombreux ; mais vous avez de moins à compter Hwang-Tsou qui vient d’être battu. Détruisez donc d’abord Liéou-Piao, rendez-vous maître de tous les pays traversés par les eaux profondes du Kiang, et la, affermissez-vous. Plus tard, vous prendrez ouvertement le titre d’Empereur, et soumettant à vos lois la terre entière, vous fonderez, comme jadis Liéou-Pang, une dynastie ! »

« Pour l’instant, répartit Sun-Kuen, mon ambition se borne à secourir l’Empereur (contre Tsao) ; voilà ce que mes forces me permettent, et vos vues sont bien au-dessus de mes propres desseins. »

« Les anciens disaient  : Chacun peut prendre modèle sur les saints Empereurs Yao et Chun. Quant à vous, seigneur, je crains que vous ne portiez pas vos regards aussi haut ! »

À ces paroles du conseiller, Sun-Kuen, transporté de joie, rajusta ses habits[1] et dit en se levant avec respect  : « J’accepte les enseignements d’un sage à l’esprit si profond, car ils me conduiront, je l’espère, à la gloire et à la fortune ! » Depuis lors, plein de confiance en Lou-Sou, il fit donner à sa vieille mère des vêtements de cour et des ameublements.

Introduit à la capitale du royaume de Ou par Tchéou-Yun, Lou-Sou recommanda à son tour un homme qui s’était retiré dans la contrée[2] pour fuir les troubles. On l’appelait Tchou-Kou-Kin (son surnom honorifique Tsé-Yu) ; versé dans l’étude de Tchun-Tsiéou de Confucius, il rendait à sa mère tous les devoirs de la piété filiale. Sun-Kuen l’accueillit avec de grands égards, le traita en hôte de distinction et reçut de lui ce conseil : « Ne vous unissez point à Youen-Chao, mais soumettez-vous momentanément au ministre des Han, afin de réaliser plus tard vos espérances. »

  1. L’étiquette chinoise veut qu’on rajuste ses habits pour saluer quelqu’un.
  2. Il était de Nan-Yang, dans la province de Lang-Yé.