Page:Theodore Pavie - Histoire des trois royaumes vol 2, Duprat, 1851.djvu/306

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Cependant, retourné près de Youen-Chao son maître, (avec une lettre), Tchin-Tchen lui apprit la mort de Sun-Tsé et quelles faveurs le tout puissant ministre des Han venait d’accorder à Sun-Kuen. Youen-Chao transporté de colère se mit en devoir d’attaquer la capitale avec cinq cents mille hommes rassemblés dans les quatre provinces de Ky, de Tsing, de Yéou et de Ping, qui lui obéissaient.


II[1].


« Seigneur, dit le conseiller Tien-Fong à Youen-Chao (qui s’avançait déjà vers Kouan-Tou), contentez-vous de mettre toutes vos places en bon état de défense et attendez ainsi les événements que le ciel fera naître ! Si vous entrez en campagne, soyez-en sûr, vous attirerez sur vous de grands malheurs !... — Quoi, interrompit le général Fong-Ky, notre maître n’a pas encore fait marcher ses loyaux soldats, et déjà ce conseiller prononce des paroles de blâme ! » Youen-Chao indigné voulait qu’on décapitât le ( trop fidèle) mandarin ; cédant aux représentations des grands qui l’entouraient, il se borna à le faire jeter en prison, la cangue au cou, « attendant, disait-il, qu’il en eût fini avec Tsao, pour punir le coupable d’une façon éclatante. » Puis, il donna l’ordre aux troupes d’avancer. Instruit de l’approche de cette armée, Hia-Héou-Tun (chargé de défendre la frontière), en donna avis à Tsao.

Aussitôt le premier ministre confia à Sun-Yo la défense de la capitale, et se dirigea vers cette même ville de Kouan-Tou, au-devant de l’ennemi, emmenant à sa suite soixante-dix mille hommes, ainsi que tous les mandarins civils et militaires. De son côté la grande armée de Youen-Chao marchait aussi, couvrant la plaine de ses étendards, faisant étinceler une forêt de cimeterres et de piques. Les deux corps de l’avant et de l’arrière-garde formaient une masse de sept cent cinquante mille hommes

  1. Vol. II, livre VI, chap. IX, page 120 du texte chinois.