Page:Theodore Pavie - Histoire des trois royaumes vol 2, Duprat, 1851.djvu/313

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convoi, ce qui jetterait[1] le désordre dans le camp de Youen-Chao. »

Il fut décidé que Su-Hwang était l’officier qui convenait pour ce coup de main. Tsao le fit donc partir avec son lieutenant Ssé-Houan ; ils portaient de quoi incendier les chars ennemis ; derrière eux six mille hommes (commandés par Tchang-Liéao et Su-Tchu), se tenaient prêts à leur porter secours. La petite troupe marchait en deux divisions. Or, cette même nuit, Han-Mang amenait à Youen-Chao un convoi de mille chariots chargés de vivres et de fourrages. A travers les gorges des montagnes, se montrèrent les trois mille hommes (aux ordres de Su-Hwang et de Ssé-Houan), prêts à lui disputer le passage. Han-Mang s’élança bravement au galop pour attaquer le premier de ces deux chefs, et tandis que la lutte se prolongeait entre eux, Ssé-Houan dispersant les soldats chargés de défendre le convoi, mit le feu aux chariots qui portaient les fourrages et les grains. Bientôt Han-Mang, hors d’état de résister à son adversaire, tourna bride pour s’enfuir ; Su-Hwang, hâtant la marche des siens, vint achever l’œuvre de destruction et les chariots furent réduits en cendre.

Les soldats de Youen-Chao voyaient dans le nord-ouest les flammes monter au milieu des airs, quand les fuyards arrivèrent pour leur annoncer que le convoi venait d’être enlevé et détruit. Aussitôt deux généraux furent chargés par Youen-Chao d’aller intercepter la grande route ; ils rencontrèrent le chef victorieux qui retournait au camp avec Ssé-Houan, après avoir accompli sa mission ; mais Su-Hwang avait sur ses derrières, pour le soutenir, les deux autres chefs qui, chargeant à la fois, mirent en déroute cette division de l’armée du nord. Ces quatre officiers réunirent leur monde et revinrent ainsi à Kouan-Tou. Transporté de joie, Tsao récompensa les vainqueurs, puis il divisa son armée en deux corps, établissant en dehors des retranchements un autre camp avancé pour s’appuyer sur deux points en même temps[2].

  1. C’est-à-dire  : Ce qui, en privant les soldats ennemis des provisions attendues, les porterait à se mutiner, à se soulever.
  2. Littéralement  : avoir la force des cornes du taureau ; ce que le texte mandchou exprime par : En même temps observer, se secourir.