Page:Theodore Pavie - Histoire des trois royaumes vol 2, Duprat, 1851.djvu/319

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dit Tsao, en riant aussi, on peut bien mentir quand on parle des choses de la guerre ; — Et s’inclinant vers son oreille, il ajouta à voix basse : — Il ne me reste plus dans le camp de quoi nourrir mes troupes au-delà de ce mois-ci !.... — Et vous n’en avez pas même pour jusqu’a la fin de ce mois, dit Hu-Yéou ; vos provisions sont entièrement épuisées. »

« Comment le savez-vous, » demanda Tsao un peu troublé ? Le transfuge tira sa propre lettre (adressée à Sun-Yo, et saisie sur le courrier), et la lui montra en ajoutant : « De qui est ce message ? »

« Et comment est-il tombé entre vos mains, » dit le ministre tout effrayé ? — Hu-Yéou le lui expliqua en quelques mots. « Au nom de l’ancienne amitié qui nous lie, répondit Tsao en lui prenant la main, je vous en conjure, donnez-moi un moyen de sortir de cette fâcheuse position ! »

« Excellence, dit Hu-Yéou, vous comptez peu de troupes, et vous avez affaire à forte partie. Si un plan qui vous donne une prompte victoire ne vous vient en aide, (votre perte est certaine.)Vous êtes sur le chemin de la ruine ! Mais j’ai un moyen à vous proposer, par lequel, en moins de trois jours, l’innombrable armée de Youen-Chao sera forcée de se retirer sans combattre, et dès aujourd’hui, la famille de ce redoutable adversaire tombera entre vos mains. Excellence, suivrez-vous ce conseil ? — Oui, oui, et avec joie, répondit Tsao ! — Les approvisionnements de l’armée de votre ennemi sont tous rassemblés à Ou-Tchao, ville située à quelques milles au nord derrière son camp. Celui à qui la défense en a été confiée, pour l’instant, est un certain Sun-Yu-Kiong qui aime à boire et néglige toute sorte de précautions. Faites prendre à une division de vos meilleurs soldats le costume de ceux de Youen-Chao ; ils iront dire à ce gouverneur qu’ils viennent garder les blés entassés dans la place, de la part de Tsiang-Ky, et une fois entrés, ils détruiront par le feu ces immenses magasins. En moins de trois jours, l’armée ennemie se sera dispersée. »

Tsao-Tsao, fut si content de ce stratagème, qu’il fit servir du vin à son hôte pour le traiter dignement ; dès le lendemain il choisit