Page:Theodore Pavie - Histoire des trois royaumes vol 2, Duprat, 1851.djvu/338

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Youen-Chao ( à cette vue) presse ses trois fils sur son cœur ; il pousse des sanglots et tombe évanoui ; les gens de sa suite s’empressent de le relever, mais il rejette le sang par la bouche en grande abondance. « Hélas, s’écrie-t-il, voila plus de dix grandes batailles que je livre, mais je n’ai jamais éprouvé des désastres comparables à ceux de Kouan-Tou et de Tsang-Ting ! Le ciel a décrété ma ruine... Tsao-Tsao ne manquera pas de nous poursuivre ; allez, (mes enfants), chacun dans votre district lever des troupes, et jurez de rester unis pour résister à cet usurpateur..., à ce brigand... — Dans le canton de Tsing-Tchéou, répondit Youen-Tan, les soldats et les vivres abondent ; je vous demande à y retourner pour y préparer une nouvelle armée ! » Youen-Chao le pressa de partir et d’aller tout disposer en avant ; il lui adjoignit même comme lieutenants, les deux généraux (qui s’attachaient à sa fortune)[1]. La crainte de voir Tsao envahir ses provinces l’agitait à tel point, qu’il fit retourner aussi Kao-Kan à Ping-Tchéou, et Youen-Hy à Yéou-Tchéou. Chacun d’eux devait rassembler des hommes et des chevaux dans sa localité, et préparer ainsi les moyens de défense. Quant à Youen-Chao, lui-même, il revint à sa capitale (Ky-Tchéou) en compagnie de son jeune fils, Youen-Chang. Occupé à rétablir sa santé, il laissa à celui-ci ainsi qu’à ses deux généraux[2], le soin d’organiser les troupes ; de grands approvisionnements de vivres et de fourrages furent accumulés dans la ville, car on s’y attendait à voir paraître l’armée victorieuse.

Après la victoire décisive remportée a Tsang-Ting, le premier ministre avait distribué des récompenses à ses trois corps d’armée. Des espions envoyés à Ky-Tchéou, pour savoir ce qui s’y passait, rapportèrent que Youen-Chao était malade et qu’il gardait le lit ; (ils ajoutaient) que le plus jeune fils de ce dernier, aidé des deux généraux déjà cités, mettaient la place en état de défense, tandis que les deux autres et leur cousin Kao-Kan, étaient retournés chacun dans leurs districts, tous bien résolus à tenir tête

  1. Sin-Ping et Kouo-Tou, comme on l’a vu plus haut.
  2. Chen-Pey et Fong-Ky, confidents de Youen-Chang.