Page:Theodore Pavie - Histoire des trois royaumes vol 2, Duprat, 1851.djvu/339

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aux armées impériales. « Sans plus tarder, dirent les généraux du premier ministre, prenons l’offensive. — Je n’attaquerai pas cette ville de Ky-Tchéou, répondit celui-ci ; elle est bien approvisionnée et j’y vois un général (Chen-Pey) fertile en stratagèmes. Voici la saison où les récoltes mûrissent dans les champs, (par conséquent, un temps peu favorable à la guerre) ; sans acquérir aucun mérite, nous ruinerions la subsistance du peuple. Attendons l’automne, il ne sera pas trop tard pour agir. — Respecter les intérêts du peuple, répondirent les officiers, c’est retarder le succès des grandes entreprises ! »

Tsao-Tsao ajouta : « Le peuple est la racine de l’état ; si la racine est forte, l’arbre prospère ; si on détruit le peuple et qu’on prenne des villes désertes, quel avantage retire-t-on ? » Cependant, il y avait encore une certaine irrésolution dans son camp, lorsque la nouvelle suivante y fut apportée : Hiuen-Té[1], maître du Jou-Nan, se trouvait à la tête d’une armée respectable, que lui fournissaient les généraux Liéou-Py et Kong-Tou. Averti du départ du premier ministre avec ses troupes, et de la campagne entreprise par lui dans les provinces du nord, il avait ordonné à Liéou-Py de garder le Jou-Nan, et profité lui-même de l’occasion favorable pour se porter sur la capitale. Presque au même instant, arriva une lettre de Sun-Yéou (resté dans la capitale en qualité de gouverneur), qui confirmait ces détails. La-dessus, Tsao-Tsao laissant sur le bord du fleuve (son parent) Tsao-Hong avec une division, pour simuler des forces plus imposantes (et masquer sa retraite), partit avec tout le reste de son armée, pressé d’aller attaquer Hiuen-Té dans le Jou-Nan même.

  1. Voir plus haut, page 262.