Page:Theodore Pavie - Histoire des trois royaumes vol 2, Duprat, 1851.djvu/366

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CHAPITRE IV.


Tsao-Tsao s’empare de Ky-Tchéou en arrêtant la rivière.


[ Règne de Hiao-Hien-Ty. Année 205 de J.-C. ] Le dixième mois, au solstice d’hiver de la huitième année Kien-Ngan, Tsao-Tsao, abandonnant la ville de Sy-Ping qu’il menaçait, se dirigea avec son armée vers celle de Ky-Tchéou. Craignant que cette retraite ne fût une ruse, Hiuen-Té, au lieu de le poursuivre, revint à King-Tchéou. Le premier ministre passa donc le fleuve ; ce fut alors que Youen-Chang, retournant en toute hâte vers sa capitale, laissa au bord des eaux les deux généraux(que nous venons de voir paraître[1]), afin qu’ils protégeassent ses dernières lignes. Ils avaient menacé Youen-Tan poursuivant son frère dans sa retraite ; arrêté au milieu de sa course, le jeune prince dit en pleurant à ces deux généraux : « Du vivant de mon père, jamais je n’ai eu pour vous de mauvais traitements, pourquoi donc obéissez-vous à mon frère, pourquoi vous acharnez-vous ainsi contre moi ? »

Émus par ces paroles, les deux généraux descendirent de cheval et se soumirent à Youen-Tan qui s’écria : « Ce n’est pas à moi, c’est à son excellence Tsao-Tsao que vous devez faire votre soumission. » Ils se laissèrent donc présenter par lui au premier ministre ; celui-ci, dans sa joie, promit sa propre fille en mariage à Youen-Tan : il accorda aux deux officiers le titre de princes, et les choisit pour remplir les[2] formalités de cette cérémonie.

  1. Liu-Kwang et Liu-Tsiang.
  2. C’est-à-dire pour remplir le rôle obligé d’entremetteurs.