monts Hé-Chan (montagnes noires), nommé Tchang-Yen, qui se rendit avec cent mille hommes. Tsao-Tsao lui donna un commandement dans les provinces du nord, puis il l’envoya, en compagnie des généraux Yo-Tsin et Ly-Tien, soumettre le PingTchéou, défendu par Kao-Kan. Lui-même, a la tête du principal corps d’armée, il se porta vers Yéou-Tchéou pour y attaquer Youen-Hy et Youen-Chang.
Avant son départ, il avait fait exposer la tête de Youen-Tan et publier dans toute la ville une proclamation portant que : « Quiconque oserait pleurer devant cette tête périrait avec ses parents jusqu’au troisième degré. » Or, cette tête étant suspendue a la porte du nord[1], un homme, coiffé d’un bonnet de toile et vêtu de deuil, vint verser des larmes sous ce triste trophée. Les soldats de garde le conduisirent comme un criminel vers Tsao-Tsao qui l’interrogea. Cet homme avait été inspecteur du district de Tsing-Tchéou et se nommait Wang-Siéou[2]. Au lieu d’écouter ses conseils, Youen-Tan l’avait chassé ; mais le fidèle mandarin, instruit de la mort de son jeune maître, était venu pleurer sur ses restes.
« Connaissiez-vous mes ordres, lui demanda Tsao-Tsao ? Oui, répliqua le mandarin. — Et vous n’avez pas craint de faire périr avec vous vos plus proches parents ? — Tant qu’il a vécu, j’ai obéi à ses lois ; après sa mort, si je ne le pleurais pas, ce serait manquer au premier des devoirs. Par crainte des supplices, je manquerais à ce même devoir, et je resterais debout au milieu du monde ! J’ai reçu des bienfaits de la famille Youen ; si je pouvais avoir le corps de Youen-Tan et l’ensevelir, dussé-je périr avec tous ceux qui me sont chers, je fermerais les yeux sans regret ! »
« Au nord du fleuve Jaune, reprit Tsao-Tsao, peut-être y avait-il bien des mandarins fidèles comme vous !... Quelle pitié