Page:Theodore Pavie - Histoire des trois royaumes vol 2, Duprat, 1851.djvu/392

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

voitise, et je crains bien que nous ne perdions les provinces de Tsing et de Ky. Liéou-Piao est un hôte qui sait bien[1] entretenir un convive ; mais, il le sent lui-même, ses talents ne le mettent point au-dessus de Hiuen-Té. S’il s’agit de confier à celui-ci une affaire importante, il craindra de lui laisser prendre trop de pouvoir ; d’autre part, Hiuen-Té ne peut pas être confiné dans un emploi inférieur ; donc, bien que l’Empire soit dégarni de troupes, et qu’il s’agisse de porter la guerre très loin, votre excellence peut être tranquille. »

« Les paroles de Fong-Hiao[2], s’écria le premier ministre, ont tout à fait tranché la grande question qui nous occupe. » Sans plus tarder, il mit en marche son armée et un millier de chariots ; il franchit la palissade qui défend le pays de Lou-Long pour examiner les lieux, et n’aperçoit qu’une immensité de sables jaunes et mouvants, balayés par un vent impétueux, des ravins offrant au sein des montagnes d’étroits et impraticables sentiers. À cette vue, il eut envie de faire rétrograder ses troupes ; cependant il voulut interroger encore Kouo-Kia. En ce temps-la, ce mandarin, que le climat avait rendu malade, était couché dans un char. « Hélas ! lui dit le premier ministre en pleurant, cette fantaisie que j’ai de soumettre les Barbares du nord, est cause que vous m’avez suivi dans ces courses lointaines et pénibles, où votre santé s’est altérée ! — J’ai reçu tant de bienfaits de votre excellence, répliqua le mandarin, qu’en mourant à son service, je n’acquitterais pas la dix-millième partie de la reconnaissance que je lui dois ! »

« J’ai vu ce pays du nord plein de montagnes presque impossibles à franchir, reprit Tsao-Tsao, je suis tenté de revenir sur mes pas avec l’armée ; dites, que dois-je faire ? — Dans une

    Me-Tha, chef des Hiong-Nou, dispersa les Tong-Hou des montagnes, qui se divisèrent en deux branches, dont une se retira dans les monts appelés OuHouan, qui se trouvent dans le pays de la tribu mongole d’Arou-Kortsin de nos jours, à 140 li de leur campement.

  1. On se rappelle que Hiuen-Té s’était réfugié près de lui ; voir plus haut, page 262.
  2. C’est le petit nom de Kouo-Kia.