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Page:Theodore Pavie - Histoire des trois royaumes vol 2, Duprat, 1851.djvu/405

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c’est là, à n’en pas douter, un coursier capable de faire cent lieues en un jour.... »

Il parlait encore que Tsé-Long[1] se précipitant au galop à travers les lignes, la lance au poing, renverse le chef ennemi, l’étend mort sur la place et ramène par la bride l’incomparable coursier. Déjà il rentrait dans les rangs, quand l’autre rebelle, Tchin-Seng, le voyant ravir cet animal précieux, s’est jeté sur ses pas.A son tour, Tchang-Fey pousse un cri terrible ; d’un coup de sa pique il abat Tchin-Seng, et l’armée des insurgés se disperse. La province se trouva ainsi pacifiée, grâce à Hiuen-Té, au grand avantage de tous les habitants des villes du Kiang-Hia.

Quand le vainqueur rentra avec ses divisions, Liéou-Piao vint le recevoir hors des murs de son chef-lieu. Un repas était servi dans le palais, et lorsque le vin eut mainte fois circulé autour de la table : « Mon jeune frère, dit Liéou-Piao, a véritablement raffermi ma puissance dans la province de King-Tchéou par son courage et ses rares talents... Mais, ce qui m’inquiète, ce sont, du côté du midi, les gens de Youé qui menacent toujours mes frontières ; et puis Tchang-Lou et Sun-Kuen me tiennent en échec. — Mes trois compagnons d’armes, les trois généraux de votre jeune frère, suffisent à la défense de ce territoire, répondit Hiuen-Té ; Tchang-Fey irait s’établir sur la frontière du royaume de Youé, au sud ; Kouan-Kong cantonné à Kou-Tsé tiendrait tête à Tchang-Lou ; Tsé-Long aurait sous sa main les trois Kiang, prêt a attaquer Sun-Kuen ; que pouvez-vous donc craindre ? »

Cette proposition causa une grande joie à Liéou-Piao. Mais Tsay-Mao[2], qui avait entendu ces paroles, rapporta à sa sœur aînée (Tsay-Fou-Jin), femme de Liéou-Piao, que Hiuen-Té allait faire occuper les frontières par ses trois frères d’adoption, afin

    d’avoir trouvé un moineau mort ; Hiuen-Té au contraire se réjouit à la vue d’un cheval vivant.

  1. Voir sur ce personnage, ami dévoué de Hiuen-Té, l’un des héros du roman, le vol. I°, page 112 ; et plus haut, page 260.
  2. Voir plus haut (page 331) les raisons de l’inimitié qui existait entre Tsay-Mao et Hiuen-Té.