Page:Theodore Pavie - Histoire des trois royaumes vol 2, Duprat, 1851.djvu/45

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Youen), étant tout prêt à monter sur le trône impérial, désire décorer son fils du titre d’héritier présomptif[1] ; l’officier qu’on annonce vent emmener, dans la capitale du nouveau souverain (à Hoay-Nan), la jeune épouse promise à son fils. — Ah ! le brigand ! s’écria Liu-Pou transporté de colère, il ose agir avec tant d’insolence ! »

A l’instant même, il fit décapiter l’émissaire et tirer de prison, pour lui mettre la cangue, le précédent négociateur Han-Yn ; puis il écrivit à Tsao une lettre de remerciement, qui fut confiée à Tchin-Teng[2]. Ce mandarin, chargé en même temps de livrer au premier ministre le malheureux Han-Yn en personne, partit pour la capitale avec celui qui avait apporté l’édit impérial, et se présenta devant Tsao-Tsao ; charmé d’apprendre que Liu-Pou soumis à ses ordres venait de rompre l’alliance projetée, celui-ci ouvrit la lettre de réponse et y lut ce qui suit :

« Moi, Liu-Pou, depuis le jour où j’ai tué le tyran Tong-Tcho, je n’ai cessé d’éprouver toutes sortes d’infortunes. Réfugié dans le Chan-Tong[3], je désirais me rapprocher de l’Empereur ; je savais que le seigneur Tsao-Tsao avait fait preuve de fidélité et de dévouement à son prince, et qu’il avait même ramené le souverain dans sa capitale. Mais auparavant, ennemi du seigneur Tsao, j’ai combattu contre lui : aujourd’hui il est le ministre de Sa Majesté ; moi, général d’une province située hors des limites du domaine impérial[4], si je me présentais devant lui accompagné de quelques troupes, je craindrais d’éveiller dans son esprit des soupçons

  1. Le premier soin du souverain qui monte sur le trône, est de déclarer celui de ses fils qui doit lui succéder, et de choisir une épouse à ce prince qui devient Tay-Tseu, c’est-à-dire maximus filius ; on le désigne aussi en chinois par les mots de Tong-Kong, littéralement palais de l’est, que notre texte emploie ici, et que les dictionnaires ne donnent pas. Le texte tartare traduit ces mots par Tay-Tseu.
  2. Voir plus haut, page 13.
  3. Voir vol. Ier, page 191, le détail des aventures de Liu-Pou, depuis la mort de Tong-Tcho jusqu’à son arrivée près de Hiuen-Té.
  4. Voir vol. Ier, page 810, la note de la page 58.