Page:Theodore Pavie - Histoire des trois royaumes vol 2, Duprat, 1851.djvu/89

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

au premier ministre que Liu-Pou, après avoir décapité le courrier (arrêté sur la route), assiégeait la ville de Siao-Pey. A cette nouvelle, Tsao s’empressa d’assembler le conseil. « Ce n’est pas Youen-Chu qui me donne de l’inquiétude, dit-il aux mandarins réunis, ce sont Liéou-Piao et Tchang-Siéou ; tant que j’ai derrière moi ces deux bandits, je n’ose marcher !... — Ils ont été récemment battus, répliqua Sun-Yéou ; seront-ils assez hardis pour recommencer les hostilités ? Liu-Pou est un homme entreprenant, redoutable ; s’il s’allie à Youen-Chu, le voilà maître d’une partie de l’Empire[1]. Certainement les hommes de guerre se joindront à lui ! profitons de cette agression inattendue qui nous met en droit d’agir, et puisque la multitude ne s’est pas encore déclarée pour lui, il faut au plus vite l’écraser avec nos troupes. »

Tsao, adoptant cet avis, détacha en avant-garde trois divisions (aux ordres de Hia-Héou-Tun, Liu-Kien et Ly-Tien), tandis qu’il les suivait en personne à la tête de tous ses généraux et de ses conseillers. L’envoyé de Hiuen-Té, Kien-Yong, retourna en sa compagnie vers la ville de Siao-Pey.

Quand Héou-Tun arriva devant Su-Tchéou avec cinquante mille hommes, Kao-Chun se hâta d’avertir Liu-Pou, qui fit avancer trois de ses officiers (Héou-Tching, Hou-Mong et Tsao-Seng) avec deux cents cavaliers, en leur ordonnant de soutenir Kao-Chun. Ce dernier, reculant à la distance de trois milles de Siao-Pey, rencontra l’armée impériale ; ce mouvement rétrograde fit comprendre à Hiuen-Té que le premier ministre venait a son secours. Il s’élança donc hors des murs avec ses deux frères adoptifs (Yun-Tchang et Tchang-Fey), laissant la place sous la garde de Sun-Kien, et vint établir ses trois camps derrière Kao-Chun. Il commandait la gauche, et Yuu-Tchang la droite ; Tchang-Fey était à l'avant-garde.

Cependant, Héou-Tun sortait des rangs pour provoquer au

  1. Littéralement : il traverse en maître l’espace compris entre Hoay et Tsé. Ce sont deux rivières : la première coule dans le Kiang-Nan, la seconde dans le Chan-Tong ; il y avait aussi deux provinces de ce nom.