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Page:Theuriet – Frida.djvu/82

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peu chevrotante, mais très agréable et très juste :

Cher Valoé, de la plus tendre amante
Viens accomplir, viens couronner les vœux ;
Tu trouveras ma tendresse constante
Et tu liras ton bonheur dans mes yeux,
Et… et tu liras ton bonheur dans mes yeux.

La voix avait des tremblements, des roucoulements de tourterelle. Les sons d’harmonica de l’épinette s’égrenaient légèrement, ajoutant je ne sais quoi d’attendri et de suave à cette poésie fanée du vieux temps. J’éprouvais une secrète langueur à écouter les paroles que je ne comprenais qu’à demi, mais qui me chatouillaient le cœur comme une caresse. Je fermais mes paupières et je m’imaginais que c’était Frida elle-même qui me parlait de sa tendresse, et m’invitait à lire mon bonheur dans ses yeux couleur noisette. Brusquement je rouvrais les miens et je la voyais avec délices sourire, battre des mains et crier :

— Encore, tante, encore !

La vieille demoiselle ne demandait pas mieux.