Page:Theuriet – Frida.djvu/83

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Cette musique d’autrefois lui rappelait sans doute le temps de sa jeunesse ; les saisons où, comme Frida, elle avait eu des cheveux blonds et porté des robes blanches. Elle défilait pour nous, ainsi qu’un précieux chapelet de souvenirs, les romances sentimentales, les airs d’opéra qui avaient été en vogue quarante années auparavant :

Puis il me prend la main, il me la presse
Avec tant et tant de tendresse…

Ou bien :

Dans un amoureux délire
Un berger tendre et discret
Chantait ainsi son martyre
Aux échos de la forêt…

Chacun de ces airs était résonnant de mots d’amour. La musique me montait à la tête, elle me grisait. Dans mon imagination surexcitée, je voyais le décor suranné de la chambre rajeunir, refleurir ; je croyais entendre soupirer la flûte du galant berger assis sous les saules bleuâtres du trumeau ; il me semblait que la bergère avait les