Page:Theuriet – Frida.djvu/85

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épanouie. Quand nous fûmes attablés, elle se tint un moment debout et récita en français une sorte de bénédicité, puis, soulevant le couvercle de la soupière fumante, distribua à la ronde des assiettées d’un potage qui exhalait une forte odeur de cannelle.

Le menu était copieux, mais les plats qui le composaient avaient tous un caractère d’étrangeté qui déroutait mon appétit. La choucroute garnie de petites saucisses très aromatisées, les Knœpfle nageant dans une sauce blanche, le jambon aux confitures, étaient pour moi des mets quasi inconnus et auxquels je ne touchais qu’avec une craintive prévention. J’étais, du reste, seul de mon avis, car Frida et les deux maîtresses du logis dégustaient de bon cœur cette cuisine alsacienne qui leur paraissait très savoureuse.

Ces demoiselles du Kœler étaient, en effet, originaires de la Basse-Alsace. Leur frère, le grand-père de Frida, avait jadis occupé dans