Page:Theuriet - Bigarreau, 1886.djvu/131

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cive, ces contorsions et ces trémoussements trop significatifs me dégoûtaient et me faisaient monter le rouge au visage. Cette fois, j’étais bien décidé à partir, quand on annonça Pastora Florès, la Pamplina.

Elle ne s’était pas encore montrée dans la salle ; le rideau se souleva, elle parut et soudain je me rassis.

Je n’oublierai jamais son entrée… Elle était de taille moyenne, très bien faite et vive comme une chèvre sauvage Elle portait le costume des Sévillanes : la jupe d’indienne rose terminée par un volant laissant voir de petits pieds chaussés de bas roses, le corsage serré dans un châle de crêpe de Chine blanc à fleurs jaunes et incarnat. Ses cheveux bruns, relevés par le haut peigne d’écaille, formaient d’un côté un large accroche-cœur sur la joue, et de l’autre étaient piqués d’une touffe d’œillets épanouis. Elle pouvait avoir vingt-cinq ans ; sa physionomie éveillée, mobile, spirituelle, était éclairée par deux yeux qui riaient sous de longs cils, et par deux lèvres rouges souriantes aussi, mais d’un sourire enjôleur, accentué encore par un joli menton proéminent. Elle s’élança au-devant de son danseur,