Page:Theuriet - Bigarreau, 1886.djvu/132

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pendant que les guitares se remettaient à bourdonner, et que les claquements de mains recommençaient. Elle dansait le jaleo avec une légèreté, avec une volupté et une pétulance exquises ; sa danse était à la fois chaste et provocante ; c’est à peine si sa jupe soulevée découvrait jusqu’à la cheville son petit pied et ses bas roses ; mais à la voir glisser, ondoyante, touchant à peine la terre, et mimant avec sa figure expressive tous les incidents de cette danse passionnée, je sentais mon cœur sauter jusque dans ma gorge. Je m’étais mêlé à ceux qui applaudissaient ; je battis si bien des mains que mon manteau glissa derrière mon dos, et que j’apparus dans mon accoutrement de séminariste. Elle remarqua mon enthousiasme, tourna un moment la tête vers moi, m’éblouit d’un regard luisant, et disparut, tandis que les guitares continuaient de fredonner pendant l’intermède, et qu’un des chanteurs reprenait de sa voix gutturale :


Una mujé fué la causa
De mi perdision primera ;
No hay perdision en er mundo
Que por mujeres no benga…


Peu après, la Pamplina reparut, coiffée cette