Page:Theuriet - Bigarreau, 1886.djvu/133

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

fois de la mantille blanche qui lui retombait sur les yeux et sur les épaules, et agitant un éventail. Elle sembla un moment épier quelqu’un derrière le rideau, qui se souleva et donna accès à son danseur en costume de majo sous sa cape rejetée sur l’épaule. Les guitaristes jouèrent la malagueña, et la danse commença : — agaceries provoquantes de la part de la danseuse, poursuite du majo voltigeant autour d’elle comme un papillon amoureux. — Chaque fois qu’il s’approchait, aiguillonné par le désir, il rencontrait l’éventail de la Pamplina entre sa bouche et les lèvres de l’espiègle fille. Il y avait une grâce mutine dans les refus de la danseuse, une attirance irrésistible dans son sourire, qui me faisaient comprendre pour la première fois toutes les délices et toutes les fièvres de la passion. Parfois, dans le tourbillon de sa danse spirituellement voluptueuse, elle se dirigeait de mon côté ; l’envolement de sa jupe rose me frôlait les genoux, et je sentais un frisson à la fois brûlant et glacé me courir par tout le corps. La musique des guitares devenait plus câline et plus tendre ; le majo quitta sa cape et l’étendit par terre ; la Pamplina passa dessus, légère comme un oiseau, tous ses