Page:Theuriet - Bigarreau, 1886.djvu/144

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l’Alcazar ! — Et pourtant trois heures n’étaient pas sonnées, que je franchissais le vestibule du palais et que je m’égarais dans les allées ombreuses pavées de briques émaillées. J’allai ainsi à travers les massifs de roses épanouies, jusqu’à un pavillon aux revêtements de faïence qu’entourent des quinconces d’orangers. Le jardin était solitaire, et le silence de l’après-midi n’était interrompu que par le gazouillement frais des jets d’eau sautillant dans leurs vasques de marbre. — Elle ne viendra pas, pensais-je, elle s’est moquée de moi ; — et je me sentais à la fois soulagé et dépité de son manque de parole. Tout à coup j’entendis un léger bruit de pas, et je la vis qui s’avançait sous les branches vertes des orangers.

Elle avait une robe bleue à jupe courte, laissant voir, ses jambes fines chaussées de bas de soie bleue et de souliers de velours ; un petit châle de Manille à fleurs jaunes serrait sa taille souple ; la mantille noire, à peine posée sur le sommet de sa tête brune, retombait sur ses épaules et un gros bouquet de jasmin était planté dans son corsage.

— Tiens, vous étiez là ? dit-elle en riant…