Page:Theuriet - Bigarreau, 1886.djvu/145

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C’est aimable à vous d’être venu… Mettez-vous près de moi.

Elle s’assit sur le petit mur à hauteur d’appui qui fait face au pavillon et me ménagea une place à côté d’elle. J’obéis, mais j’étais trop troublé pour parler et je ne savais plus que lui dire. Elle paraissait fort étonnée de mon silence, n’étant nullement habituée à une pareille réserve.

— Y a-t-il longtemps que vous êtes à Séville ? me demanda-t-elle… Voyons, contez-moi votre histoire.

Tout heureux du sujet de conversation qu’elle me fournissait, je lui parlai naïvement de mon village, de mon entrée au séminaire, et de l’intention où j’étais de me faire missionnaire dès que j’aurais reçu les ordres majeurs.

Elle m’écoutait avec son espiègle hochement de tête et elle me lança à peu près la même réponse que Manuelita :

— Bah ! ce n’est pas encore fait… D’ailleurs ce serait dommage… Êtes-vous sûr d’avoir la vocation ?

En même temps elle fixait sur moi ses grands yeux noirs si profonds et si sombres, sous la