Page:Theuriet - Bigarreau, 1886.djvu/151

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j’essayais de baiser ses lèvres rouges si provocantes. Avec un brusque effort, elle m’arracha ses poignets meurtris, recula en arrière et, me toisant des pieds à la tête :

Hombre ! s’exclama-t-elle, comme vous y allez !… Est-ce que les gens d’église ont tous de ces façons de muletier ?

J’étais moi-même honteux de mon emportement de brute, et je baissais les yeux sans oser parler. Elle me tourna le dos, roula tranquillement une cigarette, l’alluma à la lampe et alla s’asseoir dans l’embrasure de la fenêtre.

Je me rapprochai d’elle humblement, les mains jointes :

— Pamplina, murmurai-je, pardon, je suis fou !… Je vous aime, ayez pitié de moi !

Elle vit que j’avais les larmes aux yeux et, tournant vers moi ses flamboyantes prunelles :

— Bien vrai, santito, tu m’aimes ?

— Comme un possédé.

— Tu m’aimes plus que ta vocation, plus que ton séminaire ?…

— Plus que tout au monde !

Elle laissa tomber sa cigarette, puis, se levant et défaisant sa mantille et son fichu, qu’elle lança