Page:Theuriet - Bigarreau, 1886.djvu/163

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Grenade. Quand elle me vit complètement décidé, elle battit des mains, se mit à danser dans la chambre, puis se jeta à mon cou et m’enveloppa de ses irrésistibles caresses.

— Tu verras, niño mio, comme nous serons heureux ! me criait-elle à travers mille folies, je te ferai un paradis de Grenade !…

Il fut convenu que je rejoindrais la troupe des bailadores à la porte San-Fernando, vers les dix heures du soir et que, monté sur une mule que la Pamplina se chargea de me procurer, j’accompagnerais la galera où les danseuses devaient s’entasser pour le voyage. Le lendemain matin, je fis mes préparatifs, j’achetai rue des Francos les vêtements destinés à remplacer mes habits de séminariste, et, le soir venu, je m’enfermai dans ma chambre pour procéder à mon changement de costume. Je revêtis la veste de gros drap des paysans andalous, la culotte de tricot brun et les guêtres de cuir à aiguillettes flottantes, puis, les reins ceints de l’écharpe rouge, la cape sur l’épaule, je sortis furtivement de ma chambre quand je crus la maison endormie. Je n’avais parlé de mon projet à personne, afin de me soustraire aux questions embarrassantes, et