Page:Theuriet - Bigarreau, 1886.djvu/207

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s’était confiné. Il passait parfois une semaine à Dinan, et, dans la saison des bains, on le voyait souvent sur la route de Dinard. Marie-Ange ne s’en effarouchait pas. Elle aimait trop profondément le maître de Morgrève pour ne point se soumettre à ses fantaisies. À défaut de culture d’esprit, elle avait l’intelligence du cœur, — la meilleure de toutes, — et elle comprenait que sa conversation d’illettrée ne pouvait suffire à distraire Jean Trémereuc. Quand il rentrait au manoir, elle l’accueillait par un redoublement de tendresse, et c’était la seule façon dont elle lui marquait l’inquiétude que lui causaient ses absences.

Un soir de la fin d’août, comme Trémereuc flânait aux environs de la baie de l’Écluse, ses yeux furent brusquement attirés par l’affiche du Casino. On y annonçait pour le jour même sa propre pièce : Le Trèfle à quatre feuilles, jouée par des acteurs de Paris en représentation à Dinard, et en belle vue, au milieu de l’affiche, il lut le nom de Mlle Pascaline Rey imprimé en gros caractères. Son amour-propre d’auteur fut doucement chatouillé, en même temps qu’un léger battement de cœur remuait sa poitrine au