Page:Theuriet - Bigarreau, 1886.djvu/208

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

souvenir de la séduisante artiste pour laquelle il avait soupiré jadis. Il résolut d’assister à la représentation.

À huit heures et demie, il était blotti l’un des premiers dans une encoignure de la salle du Casino, et il attendait avec une certaine émotion le moment où le spectacle commencerait.

Vers neuf heures, l’orchestre joua une valse, puis le rideau se leva et Pascaline entra en scène. Elle était toujours aussi jolie, bien que ses yeux fussent un peu cernés et que sa voix eût perdu ses notes pures d’autrefois. Elle avait conservé ces allures câlines et brusques en même temps, ces prunelles flambantes sous les longs cils bruns, et cette moutonnante chevelure noire qui la faisaient ressembler à la Salomé de Regnault. Malgré la pauvreté de la mise en scène et la médiocrité des autres interprètes, Trémereuc éprouva un plaisir indicible à revoir son œuvre et surtout à entendre Pascaline, qui jouait avec beaucoup de naturel, et dont la verve mordante était saluée par de nombreux applaudissements. Après le rappel final et la chute du rideau, il se fit indiquer le salon qui servait de foyer aux acteurs et fit passer sa carte à Pascaline.