Page:Theuriet - Bigarreau, 1886.djvu/209

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Deux minutes après, elle accourait vers lui, les mains tendues, sans avoir même pris le temps d’ôter son costume de théâtre.

« Voilà une surprise ! s’écria-t-elle en riant, on vous croyait mort… Je suis aise de vous voir encore en chair et en os… et surtout bien en chair.

— Je ne voulais point partir sans vous remercier, dit Jean un peu intimidé, vous avez joué comme un ange.

— Bien vrai ?… Je suis joliment contente que vous vous soyez trouvé au Casino… Mais vous n’allez pas partir comme ça… Êtes-vous seul ici ?

— Oui… et vous ? ajouta-t-il en rougissant.

— Absolument seule… C’est par hasard et pour rendre service à un camarade que j’ai joué ce soir, mais je ne compte pas recommencer et je repartirai probablement demain.

— En ce cas, vous seriez bien aimable de me permettre de vous offrir à souper.

— Accepté… à condition que nous souperons à mon hôtel. »

Cet hôtel était précisément celui où Jean descendait d’ordinaire. — À minuit sonnant, ils étaient assis en tête-à-tête dans un petit salon,