Page:Theuriet - Bigarreau, 1886.djvu/245

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vingt-cinq ans, vêtu à la mode de la fin du siècle dernier : habit bleu à boutons de métal et à haut collet, col de chemise rabattu à la Colin et laissant à découvert un cou très blanc ; cheveux bruns sans poudre, retombant en oreilles de chien et encadrant une figure ouverte, très éveillée, aux yeux bleus bien fendus et caressants, aux joues rosées, aux lèvres rouges et souriantes. Après avoir contemplé attentivement cette jeune physionomie si sympathique, mes doigts palpèrent la liasse jaunie, puis, après un moment d’hésitation, je fis glisser la faveur bleue et j’examinai les feuillets de dimensions différentes, tant de fois dépliés et repliés que les plis s’étaient élimés et ajourés comme une dentelle. La première pièce du paquet était une lettre, dont l’écriture bâtarde, très ferme et régulière, me frappa ; elle portait pour toute suscription ces mots : « Pour remettre après mon départ. » et elle était ainsi conçue :


« Ma chère et unique amie,

« Puisqu’un père cruel s’oppose à notre hymen et me ferme la porte de sa maison, j’ai l’horrible