Page:Theuriet - Bigarreau, 1886.djvu/253

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J’obéis ; je me rendis à la maison et je tirai le petit volume de la cachette où je l’avais enfoui ; puis je revins chez la voisine. Quand j’entrai dans la chambre, mademoiselle Sophie était assise dans son fauteuil, et, près d’elle, sur un guéridon, j’aperçus le fameux coffret à incrustations d’écaille.

— Elle s’empara vivement du livre que je lui tendais d’un air confus, le feuilleta pour s’assurer que la fleur sèche était encore à sa place, puis assujettissant ses lunettes sur son nez d’aigle :

— Tu as lu les papiers qui sont là dedans ?

— Je n’ai lu qu’une lettre, mademoiselle.

— Et tu as regardé le portrait ?

— Ou…i.

— Tu as commis une grosse indiscrétion, et tu l’as aggravée par un vol.

— Pardon, mademoiselle Sophie ! m’écriai-je en m’agenouillant devant elle. — Je m’attendais à une violente explosion et j’essayais d’apitoyer l’irascible voisine en m’humiliant.

— Pourquoi avais-tu volé ce livre ?

— C’est que, répondis-je en balbutiant, l’histoire du jeune homme au portrait m’avait inté-