Page:Theuriet - Bigarreau, 1886.djvu/254

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ressé, et j’espérais, je supposais que le livre m’en apprendrait plus long.

Au lieu de l’orage de reproches dont j’attendais l’éclat en baissant le nez, je n’entendis qu’un long soupir, et quand je relevai les yeux, je vis que les traits de mademoiselle Sophie s’étaient détendus ; sa physionomie avait maintenant quelque chose d’attendri et de mélancolique.

— Pauvre Joseph ! murmura-t-elle, n’est-ce pas qu’il était beau ?

Je m’exclamai avec conviction : — Oui !… Rien qu’à le voir on devait l’aimer… Et comme sa lettre était touchante !… Celle à qui il écrivait l’a-t-elle revu ?

— Jamais.

— Et elle, qu’est-elle devenue ? L’avez-vous connue, mademoiselle Sophie ?

— C’était moi, répondit-elle simplement.

En même temps une rougeur cramoisie couvrit le front de notre voisine.

— Vous ? dis-je, en laissant voir dans mon accent et dans mes yeux combien je trouvais merveilleux que cette respectable demoiselle, aux cheveux blancs et à la figure ridée, eût ins-