Page:Theuriet - Bigarreau, 1886.djvu/287

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Le sous-directeur, interdit et absorbé, ne répondait guère que par des monosyllabes. Quand la vieille dame fut sortie, il resta longtemps accoudé sur son bureau, la tête dans ses mains. Cette nuit-là, il dormit mal, et, le lendemain, il fut de très maussade humeur avec ses employés. Il ne tenait pas en place. Dès trois heures, il brossa son chapeau, quitta le ministère et sauta dans une voiture qui passait.

Une demi-heure après, il traversait tout frissonnant le jardin maraîcher du n° 12 de la rue de la Santé et il sonnait à la porte de Mme  Blouet.

Ce fut Claudette qui vint lui ouvrir. À l’aspect du sous-directeur, elle tressaillit, puis devint toute rouge, tandis qu’un sourire passait dans ses yeux bleus.

— Grand’mère est sortie, dit-elle, mais elle ne tardera pas à rentrer, et elle sera si heureuse de vous voir !…

— Ce n’est pas Mme  Blouet que je désirais surtout rencontrer, mais vous, mademoiselle.

— Moi ? murmura-t-elle troublée.

— Oui, vous, répéta-t-il brusquement… Sa gorge se serrait, il cherchait ses mots et les trou-