Page:Theuriet - Bigarreau, 1886.djvu/289

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figure n’avait rien d’effarouché. Sa poitrine était agitée, ses lèvres restaient ent’ouvertes, mais ses grands yeux bleus humides brillaient d’un éclat très doux.

Quant à Boinville, il n’osait la regarder, de peur de lire sur ses traits un refus humiliant. Pourtant, inquiet de son silence prolongé, sans relever la tête, il lui demanda : — Me trouvez-vous trop âgé ? Vous semblez tout effrayée !…

— Effrayée, répondit-elle ingénument, non, mais troublée et… contente !… C’est trop beau… Je n’ose pas y croire !

— Chère enfant ! s’écria-t-il en lui prenant les mains, croyez-y et croyez surtout que le véritable heureux, c’est moi, parce que je vous aime !

Elle restait muette, mais dans le rayonnement de ses yeux il y avait une telle effusion de reconnaissance et de tendresse, qu’Hubert Boinville ne pouvait plus s’y méprendre. Il y lut sans doute qu’elle aussi se sentait heureuse, et pour les mêmes raisons, car il l’attira plus près de lui. Elle se laissait faire et Hubert, plus hardi, ayant levé les mains de la jeune fille à la hauteur de ses lèvres, les baisait avec une vivacité toute juvénile.