Page:Theuriet - Bigarreau, 1886.djvu/32

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Germaine encore silencieux et endormi, puis il remonta avec lenteur la rampe des bois de Colmiers.

Il était quatre heures, et le soleil se levait derrière la forêt d’Auberive, dans un semis de légers nuages roses. Les premiers rayons obliques, perçant l’obscurité des futaies, piquaient de points argentés, ici un tapis de lierres, là un fouillis de clématites, tandis qu’en contrebas la route serpentait dans une ombre bleuâtre, entre deux talus tapissés de ronces humides et de millepertuis en fleurs. Les oiseaux ébouriffaient leurs plumes et gazouillaient dans les fourrés. Un chant de coq résonna comme un coup de clairon dans la direction d’une ferme lointaine. On arrivait au sommet du plateau. Accroché aux cordes de la bâche, Bigarreau (car on a deviné que c’était lui) songea sans doute qu’il était imprudent de se risquer en plaine, lorsque les futaies voisines lui offraient un asile à la fois plus frais et plus sûr. À un endroit où les roues frôlaient les digitales du talus, il se laissa choir dans l’herbe mouillée, quittant incognito, comme il y était monté, le briska qui se mit à trotter sur la route aplanie et disparut bientôt dans la pous-