Page:Theuriet - Bigarreau, 1886.djvu/80

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— Ce gachenet, répondit sévèrement le brigadier Fondreton, est un drôle qui s’est évadé de la prison d’Auberive et que nous allons y réintégrer incontinent… Quant à vous, père Vincart, vous avez eu tort de garder un vaurien pareil sans en instruire l’autorité, et vous risquez d’être poursuivi comme complice, subséquemment… Là-dessus, en route !

Mais Norine s’était jetée entre les gendarmes et Bigarreau qu’elle essayait d’arracher à la poigne de Seurrot.

— Je vous en prie, lâchez-le, messieurs, lâchez le ! suppliait-elle… Il n’est pas méchant, il travaille, et avec nous il deviendra un bon sujet, au lieu que là-bas, avec tous ces prisonniers, il sera perdu… perdu !… Je vous réponds de lui, messieurs, lâchez-le, nous en ferons un bon ouvrier !

L’amour la rendait ingénieuse et lui suggérait des arguments qui, dans soi idée, devaient convaincre tous les gens sensés ; mais les gendarmes, impassibles, ne s’attendrissaient pas plus que s’ils eussent été en pierre. Norine s’obstinait à barrer le chemin. Le gardien-chef l’écarta rudement.