Page:Theuriet - Bigarreau, 1886.djvu/87

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Elle lui conta brièvement la fuite et l’arrestation du jeune détenu.

— Ils nous l’ont arraché malgré nous, continua-t-elle. S’ils avaient eu le cœur de nous le laisser, il aurait gagné honnêtement sa vie chez nous… Je voudrais dire ça aux maîtres de la prison, si je pouvais leur parler… Pensez-vous que ce soir possible, monsieur ?

— J’ai peur qu’ils ne vous écoutent pas, mon enfant, répliqua Yvert en regardant Norine avec surprise, puis il ajouta : — Je connais moi-même Bigarreau, nous sommes du même pays, et je viens de le visiter.

La figure de la jeune fille s’éclaira.

— Ah ! s’écria-t-elle, comment est-il ?

— Il est au lit… malade.

Norine devint très pâle ; ses lèvres se crispaient et ses yeux noirs roulaient des larmes.

— Je voudrais le voir ! dit-elle d’une voix brusque au fond de laquelle on sentait un sanglot.

Yvert connaissait la sévérité des règlements de la prison, et il n’osa pas leurrer Norine, mais la douleur concentrée de la jeune fille l’avait ému. Il lui promit de parler au directeur et