Page:Theuriet - Bigarreau, 1886.djvu/92

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et que je suis parti en pensant à elle… Voilà ce que vous lui direz, et vrai, ça ne sera pas des blagues, m’sieu !

Un accès de toux lui coupa la parole, et la sœur congédia le garde général, qui s’éloigna après avoir embrassé son compatriote.

Le lendemain, Yvert se dirigeait tristement vers la vente de Val-Serveux. Quand il eut traversé la combe de la Fontenelle et longé le ruisseau, il aperçut à mi-côté la hutte du père Vincart et s’avança vers le chantier, en s’efforçant de mettre sur son visage assez de sérénité pour en imposer à Norine. Elle l’avait reconnu de loin et elle accourait.

— Hé bien ? demanda-t-elle, haletante.

— Il est mieux, répondit laconiquement le garde général ; il ne souffre plus.

Il lui en coûtait de tromper la jeune fille, mais il songea qu’il exécutait les dernières volontés de Bigarreau et que, dans la simplicité de son cœur, le pauvre diable avait jugé que ce mensonge serait moins cruel pour Norine.

— Ah ! merci ! s’écria-t-elle en respirant longuement, et pourrai-je bientôt le voir ?